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Imaginons la maison d'arrêt de demain

Cette page restitue le travail de Noémie, Perrine, Mathilde et Baptiste, en master Concertation et Territoires en Transition au Campus des Transitions de Sciences Po Rennes ainsi que Myrtille, en double diplôme Design & Transitions étudient à l’Esam (École supérieure d’arts et médias de Caen/Cherbourg).

C’est dans le cadre de la Pépinière des Transitions qu'ils/elles ont fait la rencontre du collectif Les Coutures et Vent d’Ouest & Cie. Ce dispositif d’enseignement innovant et professionnalisant amène les étudiant.es à imaginer et prototyper des aménagements en contribuant à la bascule écologique des territoires tout en embarquant acteur.rices et habitant.es.

Le collectif a proposé aux étudiants et étudiantes participant à la Pépinière des Transitions de travailler sur le devenir de l’ancienne Maison d’arrêt de Caen. Ils/elles se sont emparé.es de ce projet enthousiasmant. Pendant 10 mois, ils/elles se sont mobilisé.es pour faire parler de la Maison d’arrêt et pour contribuer à la dynamique autour de ce bâtiment abandonné et sous clé administrative.

Octobre 2024 - Présentation de l’avancée de notre travail lors d’une réunion mensuelle avec le collectif Les Coutures, Vent d’Ouest & Cie © M-L Tardiveau

LE DIAGNOSTIC

Le premier volet du projet du groupe étudiant a consisté en la réalisation d’un diagnostic de terrain. À travers ce travail, ils/elles souhaitaient s'imprégner du bâtiment et du quartier dans lequel il s’inscrit, afin d’en comprendre tous les enjeux : géographiques, historiques, mémoriels, carcéraux, urbanistiques, architecturaux, financiers, environnementaux ou encore politiques.

Pour ce faire, le groupe s'est entre-autres rendu aux archives départementales et municipales. Cela a été l’occasion de consulter des documents anciens, comme par exemple des plans d’époque de la Maison d’arrêt, datant du début du XXe siècle. Ces examinations leur ont permis d’en apprendre davantage sur l’histoire de l’ancienne Maison d’arrêt, mais aussi sur le contexte de sa construction. Effectivement, elle est l’une des premières prisons panoptiques à avoir vu le jour en France.

Ce travail de diagnostic a été enrichi par du terrain, avec des visites autour de la Maison d’arrêt et dans les quartiers avoisinants, afin de constater les dynamiques et des flux (circulation, transports en commun, infrastructures, etc.) en présence.

Le groupe s'est aussi appuyé sur les travaux réalisés par l’architecte Marie-Liesse Tardiveau, dans le cadre de son projet de fin d’études.

Afin de saisir pleinement l’essence du lieu, le groupe projetait de visiter l’ancienne Maison d’arrêt. Il en avait obtenu l'autorisation de l'administration pénitentiaire. Toutefois, l’épisode de neige du 21 novembre a empêché la visite. Le bâtiment n’était plus visitable ensuite. Ce sont des photographies des membres du collectif Les Coutures et Vent d’Ouest & Cie qui leur ont permis d'avancer.

L'ENQUETE

Une fois ce diagnostic établi et l'analyse des travaux existants réalisée, le groupe s'est attelé à une étude de terrain approfondie auprès des habitant.es. À noter que le collectif Les Coutures et Vent d’Ouest & Cie avait réalisé une enquête similaire en septembre 2022, à laquelle 238 personnes avaient répondu. Trois ans plus tard, il semblait intéressant de renouveler ces données, notamment parce que la Maison d’arrêt avait entre-temps fermé ses portes.

Avec l’aide de quatre autres étudiant.es de Sciences Po (Joséphine Debelle, Théo Loison, Gurvan Leborgne et Marie Gilliers), le groupe a réalisé une enquête quantitative et qualitative. L'enquête a duré du 16 au 22 décembre 2024 dans toute la ville et son agglomération, à destination de toutes et tous. L’objectif était de comprendre les besoins des habitant.es de Caen et sa périphérie ainsi que leurs habitudes de vie, afin d’envisager un devenir pour la Maison d’arrêt en accord avec les réalités du terrain.

Une vraie réussite ! Leur questionnaire a bénéficié d’un beau rayonnement, permettant d’obtenir plus de 600 réponses.

Une quinzaine d’entretiens semi-directifs ont complété cette enquête quantitative. 9 personnes ont accordé de leur temps pour répondre aux questions sur leurs habitudes, leurs relations vis-à-vis des quartiers Ouest de Caen ainsi que la Maison d’arrêt, y compris leurs envies et craintes quant au devenir du bâtiment carcéral.

De plus, le groupe a aussi conduit des entretiens auprès de 5 représentant.es institutionnel.les clés au regard des enjeux régissant le projet (architectes, élu.es locaux.ales, etc.).

SYNTHESE DE L'ENQUETE

LA RESTITUTION PUBLIQUE

Le groupe a organisé une restitution de cette enquête à la Maison de quartier Venoix, le 4 mars 2025 en soirée. Plus de 60 personnes (habitant.es, élu.es, représentant.es d’associations, presse…) sont venu.es les écouter et échanger sur les résultats de leur enquête. Ce moment fut très enrichissant et les retours, très positifs, les ont motivé.es pour la suite de leur travail.

4 mars 2025 - restitution de l’enquête à la Maison de quartier Venoix © M-L Tardiveau

LA RESTITUTION FINALE

À partir des résultats qu'ils/elles ont récoltés et présentés publiquement, il leur fallait maintenant penser un projet pour la restitution finale. N’ayant pas la main sur le “véritable” devenir du bâtiment, il leur semblait tout de même opportun de penser à un avenir possible pour le bâtiment et son quartier.

Outillé.es par les résultats de l’enquête de terrain et par des enseignements reçus, ils/elles ont fait le choix de rédiger et illustrer 4 récits prospectifs et de les afficher aux abords de la Maison d’arrêt.

Panneau du récit n°4 © M. Maillet-Racineux

Panneau du récit n°3 © M. Maillet-Racineux

Pour la rédaction de ces textes, le groupe a opté pour un horizon à 2035. Ambitieux, cet objectif leur a permis de se projeter dans un futur relativement proche, afin d’inciter les habitant.es et passant.es à rêver et à imaginer les potentiels usages futurs de la Maison d’arrêt.

Chaque récit dépeint la vie d’un personnage et de son quotidien, pleinement rattaché au bâtiment désormais réhabilité et central dans la vie du quartier, voire dans la dynamique caennaise.

Chacun de ces textes est accompagné d’illustrations et teinté d’une dominante (logement, culture et mémoire, espaces verts, convivialité) directement issue des résultats de l'enquête. Par exemple, dans son récit, Georges amène son petit-fils Marius à un match de football. Celui-ci se tient sur un terrain de sport qui a réellement été mis en place pour les détenus, dans l’aile Est du bâtiment. Izia, quant à elle, se rend à la ferme pédagogique de la Maison d’arrêt et en apprend plus sur les fusillés du 6 juin 1944 dans le cadre d’une sortie scolaire.

Ces récits prospectifs prennent donc leur inspiration dans les éléments fournis par les répondant.es à l’enquête, et s’appuient sur des éléments concrets, tangibles et crédibles. De ce fait, sans la participation citoyenne de laquelle ils/elles ont bénéficié, ce projet n'aurait tout simplement pas vu le jour.

Le point d’orgue de ce travail prospectif a été le vernissage de l'exposition sur le devenir de l’ancienne Maison d’arrêt. Celui-ci s’est tenu le 14 mai 2025, aux abords du lieu. L'exposition était composée de 9 panneaux, habillant les grilles de l’enceinte pénitentiaire. Un premier panneau visait à expliquer et contextualiser la démarche, tandis que les 8 autres contenaient des récits et des illustrations. L'exposition en plein air était visible du 12 mai au 24 juillet 2025. Les panneaux sont désormais entre les mains du collectif Les Coutures et Vent d’Ouest & Cie qui poursuit son travail de sensibilisation et de mobilisation pour faire de l’ancienne Maison d’arrêt un lieu réhabilité, convivial, partagé, mémoriel, écologique, créateur d’emploi et de fraîcheur.

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